[Depuis un an, la presse se remet à croire aux guitares... Hype absolue, next best thing à tous les coins de rues... Il ne faut pour autant pas oublier que les bonnes, voire très bonnes, formations binaires existent aussi souvent très près de chez nous et n'ont compté sur aucun effet de mode pour écumer depuis des années salles de concerts et autres rades miteux... Bob Morlock a toujours opté pour cette vision du rock et ne s'est pas privé d'interviewer les GASOLHEADS (13/09/2002) à Rouen]

Le concert de hier en première partie de Nashville Pussy, c'était comment ?

Pour nous, c'était que du bon. On est à Paname, on joue dans de bonnes conditions, devant 400 personnes. Les mecs de NP sont sympas, peu liant mais corrects. On aime bien bosser avec Jostone ( jostone trafic, le tourneur ndb)qui organisait la soirée. On a rencontré quelques têtes de veaux parisiennes, on s'est foutu un peu de leur gueule dans les loges. T'as le mec qui arrive et te dit " je suis de telle société de prod, peut être tout à l'heure il y a moyen de faire une interview ; excuse moi je peux prendre une bière et des clopes ? ". C'est le genre ici.
Au niveau public, c'est clair qu'il n'était pas venu pour nous. On a appris à faire avec. Et puis NP c'est pas le même circuit que le notre, il y avait plus de t-shirt Metallica que Sex Pistols. Le public était froid, mais si au milieu tu as 50 personnes qui ont aimé, c'est déjà ça de pris. Moi je suis anti-hard rock. Même AC/DC. Ca passe chez un pote quand j'ai bu, mais c'est interdit chez moi.

Le nouvel album on en dit quoi ?

Il sort sur Lollipop (vynil et cd). Ca c'est toujours bien passé entre nous, alors on reste. La musique est la même, pas de progression. Aucun morceau de plus de 2 minutes, pas de solo de 30 secondes, pas d'intro de plus de 5 secondes. Le son est d'enfer par rapport aux précédents. On a fait ça avec le sonorisateur qui nous suit en concert, on l'a fait dans le studio où il bosse, pendant 15 jours, parcequ'on ne payait pas. C'est basique, ça déchire.

Vous seriez d'accord si on vous offrait de gros moyens ?

Pour Gasolheads ce serait une mauvaise idée. Un truc trop produit avec une batterie bien clean, ce serait chiant, surtout pour les amateurs du genre. Il vaut mieux pousser un petit matos que d'essayer de faire sonner R'n'R un gros studio de variét'.

De rester sur un petit label découle du même ordre d'idées ?

Un gros label indé, oui. Une majors, non. Je sais qu'on nous trouve pas à la Fnac, mais j'en ai rien à foutre ; je gère pas la distrib'. Ca fait 7 ans que j'ai rien acheté à la Fnac et chez Virgin ; je préfère les petits disquaires. Chez Gasolheads, on considère la musique comme un truc simple. Il n'y a aucun parcours à faire dedans, aucune progression. On ne va pas se mouiller avec des gens sur qui on crache. Par contre si un gros label indé genre " Sympathy for the records industry " nous contactait, on serait ok.

Mes félicitations pour votre nouvelle pochette, Thomas Ott est trop méconnu à mon goût.

On a le plus grand respect pour lui. On connaît son travail depuis un moment. C'est une copine qui bosse pour " Le dernier cri " à Marseille qui nous a mis en contact avec lui. On attend le vynil avec impatience.
Avant il y a eu Mezzo. C'est des potes qui l'on rencontré sur un festival de BD. Il s'est trouvé qu'il était bien branché R'n'R. On a écrit à sa maison d'édition, il a fait ça tranquillement. On aime leurs univers, un peu sombre, qui correspondent à notre musique. On voulait aussi un truc qui s'éloigne des boules de billards et des pin up 50's. En plus ils nous ont fait un tarif spécial. C'est sympa.

Gasolheads c'est aussi une asso concert ?

On a une asso mais qui n'a rien à voir avec le groupe. On a la volonté de faire vivre le rock à Marseille. Il y a Raphaël, nounou, déconneur, chauffeur des groupes de Marseille qu'il accompagne en tournée. Il fait partie de l'asso " Ratakan Connection " avec moi et Olivier de Gasolheads et Stephane de Lollipop. C'est important de faire vivre le rock, de faire venir des groupes qui ne seraient pas venus. Ca fait 3 ans qu'on fait ça. L'avantage, c'est d'avoir un club de folie " La machine à coudre " avec des gens motivés qui font ça dans la bonne humeur. Depuis on a grossi, on est une quinzaine de personnes, il y a les Cowboys from outter space qui nous on rejoint, et on a pu faire les New bomb turks par exemple.

A Marseille il y a une communauté rap importante, ca vous dirait pas de faire comme Jon Spencer et de mélanger Sratch et RnR, Gasolheads et la Fonky family ?

On y a pas pensé. Il faut dire que c'est deux milieux différents qui ne se regroupent pas. C'est chacun dans son coin, sans animosité. Les rastas dans leur coin, les rappeurs, et les 12 rockeurs de Marseille. Pas de mélange.

Comme pas mal de groupes on vous trouve sur des compils. Cette fois vous payez votre " tribute aux Devils dogs ". Tu crois que c'est vraiment utile un tribute à un groupe qui existait il y a encore 10 ans ?

Nous quand on nous propose une compil, on dit généralement oui. Pour les tribute, je ne suis pas fan ; les morceaux sont toujours moins bien que les originaux et tu découvres pas les groupes puisqu'ils font des reprises…Mais les mecs nous ont proposés les Devil Dogs et on a dit oui. Ce truc sera bien distribué, tiré en double vynil aux Usa, ce sera un bel objet. Et puis nous on reprend pas les DD, on reprend le DMZ (repris par les DD auparavant ndb). J'ai une petite histoire à propos de cette reprise. On a échangé des mails avec Monoman (chanteur du Dmz et des Lyres (ndb)) pour avoir les paroles de " ball me out " car c'est incompréhensible. Il nous a renvoyé un putain d'E-mail où il disait " moi, je fais rien pour rien. Envoyez moi en échange une clé de batterie des années 60 de telle marque ou un disque de Johnny Halliday "avec des références ultra précises. Mort de rire. Au final il nous a filé les paroles contre un de nos cd. C'est sympa.

Le double ep sur Rockin' Bones, c'était un bon deal au final ?

Ah oui. La pochette est merdique, mais il faut savoir que le mec, c'est un sacré punk. Il nous a proposé 2 fois de jouer en Italie et à chaque fois ça a foiré avec des trucs du genre " ma copine est en cure de désintox ". Ceci dit, ça c'est bien passé ; tout ce qu'il a dit, il l'a fait ; rapide et tout. C'est le premier mec qui nous ait proposé quelque chose et on garde un petit pincement au cœur avec ce ep.

Changeons de pays, le deal avec les Usa, c'est un peu l'album mystère ?

C'est sur, il n'est pas distribué en France, à part dans 2,3 boutiques spécialisées. C'est Dead Beat qui faisait des échanges avec Lollipop et ça lui a plus. Il a dit " envoyez moi des trucs et je vous les sorts ". On a sauté sur l'occasion. On a un beau 25 cm avec un titre dédié à Johnny Thunders. Le White Russian c'était sa boisson préférée ( Pascal est gentil, il acceptera ma version du cocktail de Big Lebowsky). Et puis ça fait russes blancs ; moi je suis un anarcho-syndicaliste de comptoir. Du coup aux Usa on parle de nous dans la presse. Si ça peut faire découvrir G à 2 punks rockers, c'est déjà ça.

La reconnaissance d'un groupe français passe nécessairement par les USA ?

Les Usa, pas spécialement, mais avoir de la presse à l'étranger, tourner à l'étranger, oui. Etre hors de ton pays et croiser 10 mecs qui connaissent ton nom et viennent voir ce que tu joues, c'est important. On a essayé d'aller aux Usa via Dead Beat, mais il a fait la sourde oreille. Ca restera du domaine du fantasme. Les TV Killers, ils avaient été invité par Estrus, c'était déjà un plus gros label, Dead Beat est petit.

Au niveau tournées, il semble que les groupes poussent de plus en plus vers l'Est , y a une raison particulière, hormis agrandir son public ?

Là haut c'est l'hallu ! On est arrivé en Croatie à 23h30, à la bourre. On s'est dit que ce serait annulé et il y avait 200 personnes qui nous attendaient. On a jeté les amplis sur scène, bu une bière et tout le monde était à donf. Méchante soirée. En fait, comme ils ont connu la guerre, ils mettent le feu quand ils sortent ; c'est une bonne ambiance, pas tendue. Ils ont tout vu là bas: 15 jours avant nous il y a André Williams qui est passé, Dead moon, Supersuckers, Jello Biaffra, alors qu'il ne vient même pas en France. C'est pas mal, non ?

Vous allez bientôt jouer avec les Wampas. Groupe symbole du RnR français ou too old to RnR ?

Moi les Wampas, c'est ma jeunesse, c'est l'époque alternative. J'ai du respect, j'écoute pas chez moi, mais j'ai du respect. C'est la première fois qu'on va les voir ; si on peux se taper le délire avec Didier Wampas, pourquoi pas.

Indirectement, mais pas vraiment : les Neurotics Swingers.

On avait organisé une grosse fête pour la sortie du " Massilia is burning " avec tous les groupes de Marseille, à " La machine à coudre ". On a fini déchiré à 6h du matin et on s'est retrouvé entre potes et on s'est dit " allez, un groupe de plus ". Et l'ennui c'est que ça marche. Mais tant qu'on est jeune et qu'on a la santé…plus il y en a, mieux c'est.
On enregistre l'album qui sortira en Janvier. On avait fait une démo et le mec de Shark Attack à proposé de la sortir. Là, on va prendre un peu de temps pour faire l'album. Les Neurotics, c'est pas un délire, ça va continuer pendant quelques années, tant qu'on s'éclate et que ça tourne. Dolly Bird va aussi sortir son album en février.
Franchement, Marseille, c'est pas la capitale du R'n'R ?

interview réalisée par Bob Morlock et Pascal Pachuco.

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